Home > News > Nouvelle expérience dans l’encadrement de stages d’élèves infirmières

J’avoue que cette expérience m’a spécialement marquée. Infirmière, je suis arrivée de Madrid à Kinshasa, en octubre 2014 pour travailler à l’ISSI, Institut Supérieur en Sciences Infirmières en République Démocratique du Congo.
Je n’avais plus exercé mon métier depuis quelques années, c’était donc un défi pour moi, aussi bien professionnel que personnel. Je savais quel est le travail fait à partir du Centre Hospitalier Monkole et j’étais emballée à l’idée de rejoindre ce projet. Ceci dit, tout a tourné autrement et j’ai eu l’occasion d’être embauchée à l’École d’Infirmières, institution associée au Centre Hospitalier.

Des mois se sont écoulés depuis au cours desquels j’ai souvent réfléchi à la portée de mon travail si je m’efforce de donner le meilleur de moi-même pour former humainement et professionnellement des centaines de jeunes, des filles pour la plupart, qui s’inscrivent tous les ans à l’ISSI. Je suis en mesure de collaborer à partir de là à ce que chacune parvienne à être une infirmière compétente, capable d’humaniser les soins, en plaçant la personne au coeur de son activité.
C’est donc un défi personnel, professionnel. À commencer par la langue que j’ai apprise sur place, puis le climat, la culture et les moeurs, tout à fait autres. À ceci s’ajoute mon manque d’expérience en tant qu’enseignante et le fait d’une parenthèse de six ans dans mon travail d’ infirmière.

En effet, la langue est un obstacle certains jours, il est difficile de communiquer comme on le souhaiterait. Ceci dit, ce n’est pas la patience qui manque aux Congolais. Ils écoutent très attentivement ce que je veux leur dire, en dépit de mon expression maladroite.
Par ailleurs, le manque du nécessaire est souvent pénible: ni électricité, ni eau. La vie se complique. Mais, en dépit de toutes ces petites difficultés, je ne céderais pas ma place parce que tout compte fait, je suis toujours gagnante.

En encadrant les stages des élèves, j’apprends beaucoup de choses d’elles et avec elles. Les accompagner toutes les semaines, travailler à leur côtés et les aider à surmonter leurs petites ou grandes difficultés, est une tâche passionnante. Grâce au nouveau programme de formation en alternance pour acquérir de nouvelles compétences, on encadre chaque élève pour qu’elle soit en mesure d’affronter tout type de situation avec de la rigueur scientifique, qu’elle apprenne à communiquer et à imprégner d’humanisme toute son activité ( écoute active, respect des croyances et des valeurs des autres), qu’elle soit une vraie professionnelle ( ordre, ponctualité, respect des príncipes éthiques). Tout doit être fondé sur une pratique réfléchie pour que les soins soient vraiment humains puisqu’en connaissant les tenants et les aboutissants de ce que l’on fait, on est en mesure de s’adapter à la personne, aux circonstances diverses et variées, sans se limiter à faire des “soins en série”, pratique qui n’a rien d’humain ni de professionnel.

Aussi, je peux vous assurer que même si cet encadrement n’est pas facile vu le changement d’état d’esprit qu’il demande et de la façon différente de concevoir l’enseignement, cette tâche vaut vraiment la peine d’être envisagée et menée à bout. À l’ISSI, nous avons relevé ce défi, et nous espérons bien que l’histoire du Congo saura bien le reconnaître.
Olga Tauler San Miguel, Kinshasa, 5/6/2015
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